Mais est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous sentir coupable pour quelque chose qui n’était pas de votre responsabilité ? Pour quelque chose vous ne pouviez malheureusement pas influencer ?
Aujourd’hui, je voudrais vous aider à faire la différence entre la culpabilité saine et nécessaire et la culpabilité malsaine et morbide.
La culpabilité saine
Il faut bien comprendre que la culpabilité saine est nécessaire. Si on n’avait pas le sentiment de culpabilité, le monde serait vraiment chaotique et catastrophique, les gens feraient ce qu’ils veulent, ils nuiraient à autrui et feraient vraiment n’importe quoi.
La culpabilité est liée à la notion de règle. Si je transgresse une règle alors je me sens coupable car je sais que je peux nuire à autrui. Cette culpabilité-là, est donc saine car elle empêche les gens de transgresser les règles qui ont été mises en place pour protéger les gens, pour l’égalité, pour l’apprentissage, etc…
Si jamais quand vous étiez plus jeune, vous avez volé des bonbons à la boulangerie (qui ne l’a jamais fait…!!) alors vous avez eu ce sentiment de culpabilité qui s’est emparé de vous et la plupart du temps, vous n’avez jamais recommencé.
Ou alors, vous étiez étudiant, un important examen mais que vous avez eu du mal à réviser car vous aviez eu plein de problèmes personnels cette semaine-là. Alors vous trichez, un peu, en regardant sur la copie de votre voisin. Là encore, vous vous êtes senti coupable, car vous étiez conscient que vous transgressiez une règle.
Dans ces situations-là, la culpabilité est nécessaire et importante. Elle nous permet de savoir quand on transgresse une règle et qu’on fait alors quelque chose de « mal ». Elle nous permet de rester dans le droit chemin.
La culpabilité malsaine
Le problème, c’est quand on commence à se sentir coupable alors qu’on n’a transgressé aucune règle. Par exemple, si vous vous sentez coupable car il y a eu tsunami dans un autre pays, c’est là qu’il commence à avoir un problème. Si on se rend responsable pour des choses qui ne sont pas de notre responsabilité, alors cette culpabilité ne sera pas saine.
On arrive ici sur une notion de responsabilité. Plus vous vous sentez responsable de quelque chose, plus vous avez des risques de vous sentir coupable si jamais il y a un problème. Même si vous n’avez aucune influence sur le sujet.
C’est la raison pour laquelle, il faut vraiment prendre conscience des limites de notre responsabilité.
Il faut bien comprendre que vous êtes responsable de :
- Ce que vous dites, vos paroles
- Ce que vous faites, vos actes
- Ce que vous pensez, vos pensées,
- Ce que vous ressentez, vos émotions.
Et la réciproque est vraie. Si vous êtes responsable de cela, alors les autres sont également responsables de :
- Ce qu’ils disent
- Ce qu’ils font
- Ce qu’ils pensent
- Ce qu’ils ressentent
Si vous vous sentez coupable car votre partenaire rentre énervé du travail et que vous n’arrivez pas à le faire changer d’humeur alors cela va devenir compliqué, car vous n’êtes pas responsable de ses émotions et de ce qu’il ressent. Vous pouvez l’aider à aller mieux, c’est certain, mais si il ne veut pas de votre aide, c’est sa décision pas la vôtre. Ce n’est pas de votre responsabilité.
A partir du moment, où ils ont le libre arbitre, alors c’est leur décision, c’est leur responsabilité et donc c’est à eux de se sentir « coupables » si quelque chose se passe. Et non à vous.
Le problème, c’est qu’on n’a pas été éduqué comme cela. On a été éduqué pour qu’on se sente coupable et responsable des émotions, des actes et des paroles des autres.
Lorsqu’un parent dit à son enfant « Tu m’énerves! » c’est justement pour que l’enfant se sente coupable de ce qu’il a fait. Seulement, l’enfant n’est pas responsable de l’émotion que ressent le parent. Or avec cette tournure, c’est ce qu’il se passe.
Il serait préférable de dire « Je suis énervé quand tu fais […] » car dans ce cas-là, l’enfant est culpabilisé sur l’action qu’il a faite, dont il est vraiment responsable.
Il est important de comprendre que nous ne sommes malheureusement pas responsables de ce qu’on a fait de nous (les parents, les profs…) mais que nous sommes responsables de ce que nous faisons de ce qu’on a fait de nous. Nous pouvons faire des choix et nous en serons alors responsables.
Si nous nous sentons responsables pour quelque chose qui est sous la responsabilité d’autrui et qui implique SON libre arbitre, alors on lui enlève justement ce libre arbitre et on l’infantilise en quelques sortes.
Le problème, c’est que si on admet qu’on est pas responsable de quelque chose, on admet alors qu’on n’a aucune influence sur la situation et qu’on est donc impuissant, qu’on n’a pas de pouvoir, qu’on ne contrôle pas la situation.
Et pour certains, c’est plus facile de prendre des responsabilités qui ne leur reviennent pas et donc de se sentir coupables plutôt que de se sentir impuissants. Car finalement, c’est angoissant et stressant de se dire qu’on n’a pas le contrôle sur les éléments, sur les évènements.
Si on se sent coupable, c’est qu’on aurait pu avoir une influence, on aurait dû faire quelque chose, on avait le pouvoir. Enfin c’est ce qu’on pense.
Il faut donc bien faire la différence entre les deux si vous voulez arrêter de culpabiliser pour de mauvaises raisons.
Donc pour éviter la culpabilité malsaine :
- Il faut prendre conscience des limites de notre responsabilité
- Il faut rendre la responsabilité et le libre arbitre aux autres
- Il faut lâcher prise sur le désir de toute puissance et de contrôle sur tout ce qui nous entoure
Pour illustrer cela, je dirai cette petite phrase, un peu modifiée :
« Rendez à César ce qui est à César et aux autres ce qui est aux autres. »
Et n’oubliez pas, si vous voulez que les choses changent, vous devez changer.
Crédit Photo Philippe D. sur Unsplash